Nombre total de pages vues

lundi 26 septembre 2011

Le boycott d'Israël en Europe


En plein centre de Londres vient de fermer un magasin de produits de beauté de marque israélienne. 


Motif: la répétition des manifestations pro-palestiniennes devant ledit magasin a fini par écarter les clients, indisposer le voisinage et inciter le propriétaire à ne pas reconduire le bail.

Et les manifestants ont, bien entendu, promis que ce n'était qu'un début.


L'Europe progresse: on n'aura plus besoin de briser les vitrines pour une nouvelle "nuit de cristal."

Il y a peine de mort et peine de mort...


"Troy Davis condamné à mort

Troy Davis a été exécuté en Géorgie. Protestations hautement compréhensibles des adversaires de la peine de mort. Mais certains commentaires périphériques échappent à l’entendement. Le supplicié aurait incarné le prototype du « Noir accusé d’avoir tué un policier blanc »Suivaient les protestations d’innocence, invérifiables sans accès au dossier, indiscutables sans passer pour un salaud en dépit de fâcheux précédents, mais surtout inutiles lorsqu’on est opposé à la peine de mort par principe.
Le même jour, un certain Brewer, était exécuté lui aussi, mais dans l’indifférence générale des abolitionnistes. L’explication nous était donnée benoitement par l’un d’entre eux : ce condamné là, un Blanc ayant assassiné un Noir, « n’était pas très sympathique ». Avec des opposants comme ça, la peine de mort a encore de beaux jours aux Etats-Unis d’Amérique."
Extrait de Gilles William Goldnadel, La  très  sélective  indignation des  opposants  à  la  peine  de  mort, 
Site  Atlantico
http://www.atlantico.fr/decryptage/indignation-selective-opposants-peine-mort-william-goldnadel-190141.html  



dimanche 18 septembre 2011

Le plan com de DSK

1. Mea culpa. La faute de l'abbé Dominique. Regrets.

2. Je suis innocent. L'abandon des poursuites est un non lieu

3. Je suis victime: j'ai souffert, j'ai eu peur, calomnies, rumeurs, prison, humilié, carrière brisée.

4. Nafissatou Diallo est une garce: elle a menti sur tout, elle m'a piégé, elle veut me soutirer de l'argent, elle est cupide.

5. Je suis un séducteur, non un violeur

6. Je vais me reposer, prendre quelques douches froides, me réchauffer auprès de ma femme

7. Je ne renonce pas à ma carrière politique, mais provisoirement discret

8. Je suis le meilleur économiste, et je fais la leçon aux gouvernements pour régler la crise

Immédiates félicitations de Jack Lang, et rendez-vous à Marrakech...

mercredi 7 septembre 2011

Jospin le munichois


Lionel Jospin déclare, à l'occasion de l'anniversaire du 11 septembre, "l'Afghanistan n'était pas notre guerre." (Nouvel Observateur, 8/9/2011)
Selon lui, la France aurait dû se contenter d'un soutien ponctuel et limité, sans s'engager vraiment dans cette guerre qui n'était pas "la notre."

Doit-on comprendre clairement que la guerre contre la terreur islamiste partout dans le monde n'est pas "notre guerre" ? Que l'attaque de New York et de Washington ne nous concernait pas directement ?

Sans aller jusque-là, Jospin avance que le terrorisme n'a pas de solution militaire (donc inutile de le combattre vraiment, n'est-ce pas ? Et tuer Ben Laden ne sert à rien, n'est-ce pas ?)
Mais il va quand même jusqu'à nier au 11 septembre toute dimension historique. Juste un "détail" de l'Histoire, M. Jospin ?

Si l'on pouvait remonter dans le temps, je verrais bien les Américains en 1940 répondre au Jospin de l'époque: l'invasion de la France ? les horreurs nazies ? Ce n'est pas notre guerre...

Au fait, Monsieur Jospin, où est-elle alors "notre guerre" ? On aimerait une précision. A moins que vous n'aimiez vraiment pas la guerre, ou si peu, comme ceux de Munich.

Ankara joue avec le feu


Ankara réprime durement la résistance kurde et se fache gravement avec Israël, rompant les accords militaires et menaçant d'envoyer sa marine sur les côtes de l'Etat hébreu.

1. Sa longue et sanglante répression des Kurdes aurait dû amener Ankara à se faire plus discret sur le blocus de Gaza, très humain en comparaison.

2. Quel culot de demander des excuses à Israël pour avoir stoppé militairement la flottille vers Gaza, alors que c'est Ankara qui devrait s'excuser d'avoir encouragé et laissé partir ces va-t'en guerre soit-disant humanitaires !

3. Ankara sort la grosse caisse pour Gaza, mais le petit fluteau pour sermonner la boucherie de Bachar El Assad en Syrie. Deux poids, deux mesures.

4. Ankara a compris que pour prendre le leadership du monde arabe, il faut taper sur Israël sous n'importe quel prétexte.

5. Erdogan veut faire de son pays une puissance. Mais une puissance islamiste. Il liquide l'héritage kémaliste, tourne le dos à la laïcité et à l'Occident, et aborde l'avenir à reculons. La Turquie d'Erdogan veut se moderniser en revenant au Moyen-Age islamiste...

6. Enfin, Erdogan donne raison à ceux qui ne veulent pas croire en un islam modéré. La Turquie était le modèle d'un pays musulman capable de laïcité et de modernité. Elle devient le symbole d'un indécrottable attachement de l'Islam aux démons obscurantistes.

Il y a encore peu la photo aurait été celle d'un gratte-ciel d'Ankara. Aujourd'hui, comme dans d'autres sinistres contrées, c'est la mosquée qui illustre le mieux la Turquie.

Aux victimes du 11 septembre 2001

Vous n'êtes pas morts pour rien.

Le 11 septembre n'est pas une tragédie humaine comme tant d'autres. C'est une apocalypse, car l'apocalypse est une révélation, une mise à nu, un dévoilement.

Le 11 septembre est une apocalypse qui révèle le Mal. Comme le crime de Caïn, comme le massacre des Innocents, comme l'holocauste des Juifs.

Il ne se résume pas à un décompte des tués, mais donne un sens à l'humanité. Ou plutôt à ce qui sépare l'humain de l'inhumain, le signe de la barbarie, la marque de la cruauté. 

Le 11 septembre est une monstruosité qui dépasse et dépassera toujours la raison humaine. C'est une forfaiture qui fait de Dieu l'emblème du mal. C'est le crime qui met au ban de l'humanité ses auteurs et ceux qui les soutiennent, définitivement.

Il n'est rien ici à discuter et à débattre. C'est le coeur qui se soulève, et qui fait la ligne de partage d'avec ceux qui n'en n'ont pas.

Victimes du 11 septembre, vous resterez dans la mémoire et le coeur de l'humanité, car vous témoignez de ce que l'homme peut faire de pire à l'homme.

 




















Ni pardon, ni oubli.

Vous oublier serait renoncer à l'humanité-même. Car vous nous obligez à toujours combattre l'infâme, sous tous ses voiles.

dimanche 4 septembre 2011

Le goût de la défaite

Sarkozy a grandement aidé à la chute de Kadhafi. Beaucoup se sont gaussé de ce "va-t'en guerre", peu ont cru à cette entreprise, très peu l'ont félicité de cette victoire, ou alors en sourdine et du bout des lèvres.

Depuis 1940, les Français ont pris goût à la défaite, et ont cette étrange habitude de tenir toute victoire pour suspecte et honteuse. 

jeudi 1 septembre 2011

La banalisation de la Shoah

Le gouvernement français fait évacuer un campement de Roms en banlieue parisienne.


Le reportage télévisé parle de "stigmatisation", et l'on pense à l'étoile jaune. Les associations humanitaires dénoncent l'emploi par la police d'un tramway emprunté à la RATP, et l'on pense aux convois de Drancy fournis par la SNCF. L'un des militants humanitaires ajoute que ce tramway a permis de "déporter" ces familles Roms. Le commentaire mentionne la dispersion des familles et un enfant séparé de ses parents, et l'on pense au tri des familles juives opérées par la police française de Vichy ou par les SS sur le quai d'Auschwitz.




A tout propos, qu'il s'agisse de Roms, d'immigrés clandestins ou des sans papiers, le parallèle se banalise. Et cette banalisation est insupportable.


On ne discutera pas ici du bien-fondé de telle ou telle opération de police contre des immigrés clandestins, de la manière parfois violente que cela peut prendre. On peut approuver ou condamner la lutte contre l'immigration clandestine. Mais c'est brouiller les cartes et fausser le débat que de ramener toujours à la comparaison avec la Shoah, car l'excès et la disproportion sont trop évidents pour les préciser.


Pourquoi cette comparaison systématique et abusive ?
Les jeunes soixante-huitards traitaient les CRS de "fascistes" et de "SS". Les vieux soixante-huitards ont gardé le même réflexe: la gouvernement actuel est comparé à Vichy, les immigrés clandestins sont les nouveaux Juifs persécutés, déportés, bientôt exterminés ?
On peut mépriser de tels amalgames sous le pretexte que tout ce qui est excessif est insignifiant. Sans doute. Mais cet amalgame envahit et pollue le discours médiatique.


On voit l'intérêt médiatique, car les médias y trouve un moyen trop commode de dramatiser l'événement, et de donner un écho spectaculaire à des images banales. Et voilà une opération de maintien de l'ordre républicain transformée en épuration ethnique et en entreprise génocidaire...


On voit l'intérêt politique: diaboliser le gouvernement sous les traits de Vichy, et la police sous les traits de la Milice et de la SS.


On voit moins le danger: on prétend défendre de pauvres clandestins en les enrôlant sous la glorieuse bannière de la Shoah, et en les présentant comme les nouveaux Juifs. L'intention est par trop généreuse pour être honnête. En retour, la Shoah est assimilée à la banalité d'une opération quotidienne de police, sous une loi républicaine légitime. Suivons l'analogie: et si, après tout, les nazis n'avaient fait avec les Juifs qu'un travail de maintien de l'ordre, légitimé par de graves infractions commises par ces Juifs comme un trafic de papiers, l'occupation illégale de terrains ou divers larcins ?
A force de vouloir démontrer que la lutte actuelle contre l'immigration clandestine n'est que la continuation de la Shoah, on finit par réduire la Shoah à une simple et légitime opération de police !


Qui est responsable de cette insupportable banalisation ? On l'a vu, les médias à l'affût du spectaculaire fût-ce au prix de l'imposture, et de nombreux humanitaires dont l'enthousiasme aveugle le dispute à la forfaiture morale.
Et la gauche, dont ces humanitaires sont souvent le relai, qui se tait et tire les marrons du feu. Un feu malodorant, sur lequel souffle un mauvais vent.

mercredi 10 août 2011

Paris foudroyé par la crise


La crise mondiale de ce mois d'août 2011 laissera des traces cruelles dans la capitale française. 

Pour preuve cette photo de la place de la Concorde habituellement saturée de voitures, à présent désertée. Tout comme les rues vidées par une brusque chute de la démographie, les magasins fermés par manque de clients, les couloirs de métro vidés des foules pressées.

Quelques rares survivants mendient au coin des rues, en guenilles et sans domicile. Des vieillards cloîtrés chez eux tentent parfois une sortie à la recherche d'une hypothétique boulangerie ouverte. De rares restaurants encore ouverts guettent désespérément la clientèle disparue. 

Seuls des groupes de touristes asiatiques, riches et inconscients, sillonnent la capitale sinistrée, indifférents au naufrage de cette ville-fantôme qui était, il y a un mois encore, un centre important de peuplement et d'affairement.

La crise a réalisé ce qu'aucune bombe à neutrons n'avait osé faire: vider une ville de sa population tout en conservant intacts les monuments. 

Espérons qu'en septembre la réalité ne rejoigne pas cette fiction...

mardi 9 août 2011

Où sont les Indignés ?

Depuis des semaines, Hassad massacre son peuple. Les villes syriennes sont prises d'assaut par les chars. Les civils, femmes et enfants, sont mitraillés dans leurs rues. Les opposants sont torturés et abattus.



Qui manifeste dans les rues de Paris ? Qui proteste contre ce massacre ? Où sont passés les Besancenot, Stéphane Hessel, gauchistes et défenseurs des droits de l'homme prompts à s'indigner des crimes commis par les "impérialistes" et les "colonialistes"?


Sans doute partis en vacances.

Londres brûle-t-il ?



2005, la banlieue de Paris est en feu. 2011, Londres brûle et la police est débordée. Les deux villes-lumières de l'Europe sont transformées en villes-torches. A qui le tour ?


Un même mal touche l'Europe, et ce mal a le même visage: un jeune en jean et sweat à capuche cachant mal  un visage généralement noir.


A chaque fois les mêmes contorsions des sociologues et autres experts pour contourner l'évidence, de crainte de racisme. A chaque fois le même "sanglot de l'homme blanc" sensé porter tous les péchés du monde: c'est la faute du gouvernement, du manque d'aides sociales, du chômage, du racisme, des inégalités, de la pauvreté. La faute aussi au réchauffement de la planète ?
C'est faire insulte aux pauvres de les confondre avec ces sauvages.


Surtout éviter la vérité: les loups sont entrés dans la ville. On a laissé entrer les loups dans la bergerie.


De vieilles sociétés civilisées, policées et pacifiées (les bobbies londoniens se promènent sans armes) accueillent et réchauffent dans leur sein de jeunes sauvageons sans foi ni loi, qui ne respectent ni n'ont peur de rien, capables des pires violences gratuites.
Issus de cultures et de communautés hyper-répressives, ces jeunes sauvages se retrouvent livrés à eux-mêmes dans des sociétés hyper-laxistes: les magasins sont bons à piller, les filles sont bonnes à violer, le citoyen est bon à terroriser, l'Etat est bon à être ridiculisé.


Et toujours le même étonnement candide, le même effroi: comment cela est-il possible ?
On ne leur construit pas assez d'écoles ? Ils brûlent les écoles.
On ne leur donne pas de travail ? Ils méprisent les travailleurs et préfèrent dealer.
On les met dans des ghettos ? Ils transforment en tas d'immondices des quartiers flambants neufs.
On les stigmatisent ? Ils vous rient au nez et vous insultent.


Alors, surtout pour ne pas paraître raciste, l'homme blanc ravale sa salive et  fait son mea culpa. Même s'il faut remonter au déluge, à l'esclavagisme, au colonialisme, au paludisme ou je ne sais quoi: il faut trouver la faute de l'homme blanc qui doit innocenter la bête sauvage. Si le loup est féroce, c'est que la brebis l'aura provoqué !


Cameron promet des sanctions sévères. Qui peut encore y croire ? Certains parlent d'envoyer l'armée; vous n'y pensez pas ! Ce serait avouer une situation de guerre civile. Et quand il faudra bien l'admettre, l'armée-même n'y pourra rien, dans de vieilles cités européennes qui ne savent rien des guérillas urbaines.


Alors ? Alors, il est trop tard: le loup est dans la bergerie. Et l'Europe doit réapprendre à vivre avec les loups, réapprendre à ne pas laisser traîner les enfants, réapprendre à ne pas sortir la nuit, réapprendre à bien barricader sa porte. Réapprendre la peur. Alors reviendront peut-être la dignité et le courage.

Le retour du politique

Depuis une vingtaine d'année, les politologues et autres esprits sérieux nous expliquaient que nous vivions la fin du politique.
La mondialisation, disaient-ils, réduit de jour en jour la marge de manœuvre des gouvernements, cantonnés désormais dans des décisions secondaires et dérisoires, les grandes orientations étant données par une "gouvernance" mondialisée, aussi obscure que tyrannique. Et de pleurer la fin de l'autorité politique, et de la démocratie dans son sillage.


Le paradoxe actuel est que ce sont les crises économiques mondiales qui remettent en selle l'importance du politique.
En 2008 déjà, la crise des "subprimes" avait mobilisé la fébrilité et l'énergie d'hommes politiques comme Nicolas Sarkozy, réunissant en urgence le G20 et déclenchant les plans de sauvetage des banques par les Etats. Le capitalisme libéral sauvé par l'Etat, ironie de l'histoire !
2011 et deuxième grande crise financière: cette fois-ci, ce ne sont plus les banques, mais les Etats eux-mêmes qui sont menacés de faillite. Cela a commencé par les grands malades européens (Irlande, Grèce, Portugal) pour s'étendre jusqu'au colosse américain aux pieds d'argile.
A nouveau, on voit les hommes politiques aux avants-postes. Obama doit rassurer les marchés en promettant plus de rigueur budgétaire. Trichet, gouverneur de la BCE, appelle Berlusconi, et à travers lui les autres gouvernants européens, à réformer ses lois sociales et à privatiser pour alléger la dette. Le gouvernement français se voit, lui, complimenté par une agence de notation pour la cohérence de ses réformes.


Il en ressort deux choses:
1. En dépit de la mondialisation, continue d'exister une forte identité économique nationale par le biais des politiques économiques et budgétaires. Même en Europe, malgré la forte intégration à une monnaie unique, on n'a pu empêcher le décrochage des pays les plus faibles de la zone euro.
2. Les solutions sont entre les mains des responsables politiques. La BCE a beau venir en aide à l'Espagne et à l'Italie, ce n'est que du replâtrage et tout dépend du courage politique des gouvernements à engager un plan de rigueur et de désendettement. 


La mondialisation n'apparaît plus comme cette machine anonyme qui broie les volontés. C'est bien de la responsabilité individuelle des gouvernants et de la responsabilité collective des peuples que dépend l'issue de la crise.


Trouverons-nous un Churchill capable d'imposer aux peuples les sacrifices nécessaires pour éviter le naufrage ?
"De la sueur et des larmes", voilà à nouveau ce que devrait être la promesse courageuse d'un homme politique décidé à sauver l'Europe et l'Amérique face aux dragons asiatiques.
Comme en 1940, beaucoup préfèrent se complaire dans le fatalisme, la résignation, le défaitisme. En 1940, on croyait sauver la paix, et l'on eut la guerre. Les capitulards d'aujourd'hui croient sauver les "avantages acquis" et ils auront la faillite totale, qui est déjà en route. C'est toujours la même voie de l'autruche qui mène à ces crises brutales de régulations et d'ajustements imposés par la force.


Le retour du politique, c'est le retour de la responsabilité et du courage.
Les lâches sacrifient l'avenir à leurs intérêts électoraux immédiats et au clientélisme des "avantages acquis". Ce sont les démagogues, toujours les plus nombreux.
Plus rares, les courageux imposent les sacrifices pour sauver l'avenir. Ils se font souvent lyncher par les peuples infantiles. C'est la marque des vrais démocrates.
Démocrates ou démagogues, Churchill ou Daladier, c'est à nouveau ce dilemme que nous offre la crise actuelle: le redressement douloureux ou la capitulation.


L'autre paradoxe, plus tragique encore, est que ce sont les marchés et les bourses qui assurent aujourd'hui la régulation des démocraties, à la place des peuples démissionnaires.
Les peuples occidentaux, depuis des décennies,  se sont endormis dans les délices de Capoue d'une croissance ininterrompue de la consommation, par le miracle de l'endettement. Comme dans les antiques démocratie grecque et république romaine, les peuples ont mis au pouvoir les démagogues qui leur susurrent ce qu'ils ont envie d'entendre, à savoir, en substance, qu'on peut gagner plus et vivre mieux en travaillant moins. Les Chinois travaillent pour nous, et rachètent nos dettes...
Jusqu'au jour où les Chinois demandent des comptes !


"Responsabilité" signifie "rendre des comptes", ou encore payer ses dettes, ou encore tenir ses promesses. La crise rappelle les Occidentaux partis en vacances à ces obligations.
Les gouvernements démagogiques peuvent bien rendre des comptes truqués à leurs peuples, mais pas aux marchés et aux créanciers. "Les eaux froides du calcul égoïste" (Marx), à l'échelle internationale, voilà donc le dernier garant de la responsabilité démocratique. Le "crédit" est à la fois le moteur financier du capitalisme et la base de la confiance politique entre le peuple et ses élus.
Quand les parlements élus deviennent des enceintes démagogiques, c'est la bourse et les marchés qui prennent le relais démocratique.


La capitalisme contre les peuples ? N'oublions pas que les peuples se sont beaucoup enrichis grâce au capitalisme. Demandez-donc aux Grecs, aux Portugais, ou même aux Français de comparer leur train de vie avec celui de leurs parents ou grand-parents. Comme de nouveaux enfants gâtés, ils sont ingrats et capricieux, ne supportant pas la moindre contrariété, le moindre rappel à la responsabilité.
La démocratie contre la démagogie, voilà ce qu'impose aux enfants gâtés et décadents les crises du capitalisme mondial.
Merci la crise !

samedi 30 juillet 2011

L'omelette norvégienne


La recette de l'omelette norvégienne consiste, si je me souviens bien, à mélanger le chaud et le froid. Et un dicton bien français dit qu'on ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs. Vous ne voyez pas où je veux en venir ?


Difficile de plaisanter avec le terrible massacre que vient de connaître la paisible Norvège ( un jeune a assassiné 80 personnes à la bombe et à la mitraillette pour protester contre l'islamisation de la Norvège). Et pourtant...Ce n'est pas plaisanter que de dire que cet évènement souffle le chaud et le froid: le chaud par l'alarme rouge qu'il allume quant à la montée des violences extrémistes et xénophobes; le froid par la soudaine congélation dont il fait l'objet dans les médias. 


Circulez, ya rien à voir ! Bon, ok, c'est horrible et hautement condamnable, mais passons vite à autre chose, des fois qu'on se pose des questions et que cela donne des idées. Voilà très nettement l'impression que donnent tous les médias dans une mouvement d'étouffement consensuel. Remettons le couvercle dessus et faisons comme s'l ne s'était rien passé (voir mon article précédent sur l'autruche)


Or ce qui se passe, c'est que tous les pays d'Europe du Nord les plus pacifiques, tolérants et accueillants (Scandinavie, Pays-Bas, ajoutons-y la Suisse) connaissent un violent rejet de l'Islam et de l'immigration en provenance des pays musulmans. A qui la faute ? Le fait de quelques fous ? Cela ne trompe plus personne, tant le rejet est profond au-delà de ses manifestations les plus violentes. Une mutation monstrueuse de gentils scandinaves en méchants nazis ? Pourquoi maintenant, et pourquoi spécialement contre l'Islam ?


Combien faudra-t-il de morts, à quels scores de l'extrême-droite, à quel degré de guerre civile faudra-t-il en arriver pour que les bons esprits de la gauche européenne lèvent enfin le tabou qu'ils imposent sur les questions d'immigration et, en particulier, sur la difficulté unique à intégrer l'immigration musulmane. Pourra-t-on dire un jour que la religion et les coutumes musulmanes ne sont pas solubles dans la démocratie en l'état actuel, sans passer pour un raciste ? 


Alors pourra commencer le vrai débat qui concerne l'avenir de l'Europe et du monde entier.

dimanche 26 juin 2011

Les trois racismes

Le racisme est devenu une préoccupation centrale devant l'ampleur et la vitesse des migrations. La montée des extrêmes-droites européennes en est un signe suffisant.


Or, la question du racisme semble plus obscure que jamais, en raison d'une volonté d'en cacher les racines et surtout de ne fâcher personne en mettant tous les racismes dans le même sac, dans une totale confusion: puisque tous les hommes sont pareils, n'est-ce pas, tous les racismes sont pareils !


Pourtant, je propose de distinguer trois racismes, quitte à me faire accuser de racisme puisque j'introduis là une distinction, voire, horresco referens, une hiérarchie.


Mettons d'abord de côté le racisme anti-juif, le plus ancien, le plus universel, qui touche même des contrées reculées qui n'ont jamais vu de Juifs. Ce racisme pathologique relève d'une psychanalyse de l'inconscient collectif de l'humanité de par son caractère endémique exceptionnel.


Vient ensuite le racisme primaire et ordinaire, que connaissent toutes les époques et toutes les sociétés. C'est le racisme de l'ignorance et de l'intolérance, des préjugés et de la crainte des différences. C'est le racisme des blancs à l'encontre des arabes, celui des arabes à l'encontre des Noirs, celui des Noirs à l'encontre des Juifs, celui des Chinois à l'encontre des Occidentaux, et vice-versa, celui des Russes à l'encontre des Caucasiens, etc. La liste en est infinie qui fait qu'on est toujours le raciste de quelqu'un, comme une sorte de fatalité des communautés humaines.


Enfin, je distinguerai une troisième forme de racisme, plus conjoncturelle et variable. C'est le racisme né de vastes et rapides mouvements de populations, sans véritable intégration économique et culturelle. C'est la situation actuelle de l'Europe où des pays traditionnellement tolérants, comme les Pays-Bas ou la Scandinavie, basculent dans un rejet de l'immigration musulmane. C'est que le déclin économique de l'Europe cantonne de plus en plus d'immigrés dans la précarité et le chômage. Mais c'est aussi parce nous avons affaire à des différences culturelles, venant des couches les plus pauvres du Mali, du Maroc ou de Turquie, qui sont à des années-lumière de celle des pays d'accueil, et où l'intégration linguistique,  scolaire ou résidentielle, trouve vite ses limites.


Commençons par distinguer ces trois formes de racisme pour aborder plus clairement l'analyse de leurs causes et de leurs remèdes.



mardi 14 juin 2011

le concombre masqué


Le concombre masqué était un célèbre personnage de BD, un peu oublié aujourd'hui.


L'actualité vient de le remettre au premier plan.

Le concombre espagnol d'abord accusé d'être porteur de la bactérie tueuse en Allemagne, semble maintenant innocenté. Mais, bon, un concombre cela reste tout de même un peu louche, n'est-ce pas ?

Le concombre se doit d'avancer masqué, comme tout un chacun d'ailleurs. Entre présomption d'innocence, soupçon de diffamation, atteinte à la vie privée, colportage de rumeurs, chacun doit prendre soin de sortir couvert.
Luc Ferry aurait été bien inspiré d'imiter le célèbre concombre, et le non moins célèbre philosophe dont la devise était larvatus prodeo (J'avance masqué)

Depuis l'époque de Descartes, hélas, les choses m'ont pas tellement changé dans notre hexagone.
Nous revoilà au joli temps des bals masqués, des faux-culs, des déguisements et des pseudos.
Faudra-t-il que même les corbeaux s'avancent masqués ?

lundi 13 juin 2011

Voitures, vélos, piétons...Guerre ou paix ?


La circulation routière m'a toujours paru un reflet fidèle et immédiat des mentalités d'un pays. C'est un objet trop délaissé à mon goût par les sociologues et autres anthropologues.


Pour se faire un jugement sur les usages d'une société, il suffit d'observer un passage piétonnier ou des feux de circulation. 
Ici, les piétons attendent le feu rouge pour traverser, même si aucune auto n'est en vue. Ici, les voitures s'arrêtent pour laisser passer un piéton. 
Là, les voitures foncent, à l'orange rougissant, frôlant d'imprudents piétons. Là, les piétons s'engagent un peu partout sur la chaussée, sans même regarder, selon le trajet personnel qui les arrange. Là, les vélos et même les scooters sillonnent les trottoirs et les passages piétonniers, slalomant entre petits vieux, jeunes enfants et poussettes poussives.


Sans aller plus loin, vous aurez deviné les pays.


Dans les premiers, le droit et la loi sont respectés au bénéfice des plus faibles. Le respect de l'autre n'est pas un vain mot, et les règles communes améliorent vraiment la coexistence dans les grandes villes où l'on circule en toute sécurité.


Dans les autres, c'est la loi du plus fort qui règne sur la jungle urbaine: les voitures expulsent de la chaussée les vélos vulnérables, et les vélos font de même avec les piétons sur les trottoirs, ces derniers piétons se vengeant en circulant de façon anarchique où bon leur semble. Tous, voitures, vélos, piétons (sans oublier les cyclomoteurs, bien sûr) semblent convaincus que les règles communes ne sont faites que pour les autres, et chacun fait sa loi, la loi du plus fort.
Dans ces pays, une longue vie est promise aux gros 4x4, et malheur aux plus fragiles !


Cela ne suffit pas, sans doute, mais la circulation routière est la première étape d'une vraie civilisation urbaine. De très grands pays en apparence sont restés à l'état sauvage, vus sous cet angle.
La récente polémique française contre les radars et pour l'impunité accordée aux chauffards en est un désolant témoignage, où la mauvaise foi l'emporte sur les droits élémentaires. 

dimanche 12 juin 2011

Qu'est-ce qu'une autruche ?

Une autruche est un animal de la famille des oiseaux, très craintif. Pourtant c'est le plus grand oiseau du monde.
Elle est capable de courir très vite au moindre danger, réel ou imaginaire, ou, mieux, elle enfonce sa tête sous le sable pour ne pas voir le danger. Ce qui s'appelle "faire l'autruche."
Défense originale et efficace, s'il en est.


Plus grande et plus forte qu'un homme, elle peut courir jusqu'à 70 km/h. Mais elle y laisse souvent des plumes, dont l'homme se fait une parure pour parader.
Ses oeufs énormes sont à la mesure de sa peur et de sa prétention. 
Incapable de voler, elle est la risée des coqs et des poules qui affirment pouvoir faire mieux.


Souvent appelée "p'tite tête", son regard glauque feint l'intelligence et la filouterie.
On la dit capable d'avaler des pendules plus grosses que des couleuvres, et de prendre des vessies pour des lanternes.
Ses voisins, coyotes et hyènes, son pliés de rire à la voir défiler d'un air important, et détaler au premier mouvement.


Toute en froufrous et fanfreluches, elle est une abonnée des plus grands music halls de la planète où elle symbolise le luxe. Pourtant certains cuisiniers cuistres osent mettre sa viande à l'affiche des restaurants branchés.


Au fond, une grande bestiole ridicule qui se prend pour une vedette, plutôt sympathique, pas méchante pour un sou, pleutre, lâche, peureuse, et se dissimulant le danger au lieu de l'affronter.


Un emblème politique, en somme, que personne n'a osé encore mettre sur son drapeau.

Sarkozy président, Marine premier ministre

Ceci n'est pas un slogan électoral, mais un froid pronostic.


Je fais le pronostic que Marine Le Pen sera au second tour en 2012, et qu'elle deviendra ministre, voire premier ministre.
Non pour jouer à Cassandre ou à Madame Soleil, mais par simple logique.





Refuser cette probabilité, c'est jouer à l'autruche et vouloir oublier le tsunami des présidentielles de 2002 où le père Le Pen était arrivé déjà au second tour face a Chirac. Tous jouèrent les effarés, alors que c'était pleinement previsible.


C'est que les autruches veulent croire les sondages qui leur font plaisir, et méprisent les Cassandre.
Seuls sont fiables les sondages secrets des RG qu'on ne connait qu’après coup. Régulièrement les sondages publics sous-estiment le score du FN, comme on peut le vérifier régulièrement depuis vingt ans.



Quelles sont les raisons de cette conquête prévisible ?

1. La fille veut faire du FN un parti de gouvernement, alors que son père voulait le cantonner a une fonction tribunitienne.


2.  La droite classique, l'UMP, ne peut plus gagner sans les voix d'extrême-droite. Ce que montre de plus en plus les élections locales où la gauche, pourtant minoritaire, rafle régulièrement la mise grâce à la division de la droite.  Les élus locaux UMP ne supporteront pas longtemps de se voir subtiliser leurs sièges en raison du diktat de la direction nationale interdisant tout accord avec le FN. Cette digue va rapidement se fissurer, puis tomber, et la droite réunie avec son extrême (comme la gauche le fait depuis longtemps sans vergogne) redeviendra largement majoritaire.


3.  La droite ayant reconquis la majorité locale, elle devra payer chèrement sa dette au FN à l'échelon national. La contrepartie sera une entrée au gouvernement. Comme Mitterrand l'avait fait pour les communistes en 1981. Mais alors que ce cadeau empoisonné avait fini d'étouffer le PCF, l'entree du FN au gouvernement lui donnera au contraire une légitimité et un système d'alliance qui amplifiera son succès. 



Cette dynamique de victoire électorale pourra assez vite autoriser un deal simple: un  président UMP contre un premier ministre FN. Marine Le Pen sait qu'elle ne peut raisonnablement viser la présidence de la Republique, mais elle aura les moyens de négocier son soutien indispensable contre le poste de chef du gouvernement, ou, au moins, des ministères stratégiques.


4.  Aux autruches qui sourient avec mepris devant ce qu'ils considerent comme des élucubrations, j'ajoute qu'un tel scenario s'est déjà produit en Italie, avec une extrême droite pourtant issue du pur fascisme italien et parfaitement intégrée depuis aux plus hautes sphères de l'Etat. Et l'Italie n'est plus une exception: de plus en plus de pays européens, du nord au sud, voient une forte progression des extrêmes droites et leur association au pouvoir. 
Alors, les autruches françaises vont-elles continuer a croire que le nuage de Tchernobyl s'est arrêté aux frontières de la France ?

5. Enfin, il faut ajouter la bêtise désolante d'une gauche française qui avait mis ses derniers espoirs en DSK. Comment s'etonner que l'électorat populaire se tourne vers le FN ?



Je prends les paris un an avant: Sarkozy à 27-28%, Marine Le Pen entre 20-25%.
Sarkozy confortablement réélu, et Marine en posture de premier ministrable dans un gouvernement d'union nationale face a une crise economique européenne fortement aggravée en raison de l'abandon de l'euro par l'Allemagne.



Scenario catastrophe ? Je concède que j'aimerais beaucoup me tromper...






Le pouvoir du sexe, le sexe au pouvoir.

Les affaires se suivent et se ressemblent qui voient des hommes d'Etat compromis dans des affaires de sexe. Tous les pays, tous les âges, tous les régimes sont touchés.


Clinton et les câlineries de Monika, DSK présumé innocent de viol sur femme de ménage, Tron et les gentils massages de pied, un ancien ministre français accusé de pédophilie au Maroc, les multiples maîtresses plus ou moins cachées de nos multiples Présidents, les réseaux de call girls pour VIP, les parties fines de Berlusconi ou de Kadhafi, etc, etc.


On pourrait étendre l'aire historique, et remonter à David séduisant Bethsabée, aux multiples femmes de Salomon, au harem du Grand Turc, aux orgies de Néron, aux maîtresses de Louis XIV. On pourrait étendre l'aire géographique et montrer que ni l'ex-URSS, ni l'actuelle Russie, ni la communiste Chine, ni l'ancien chef de l'Etat d'Israël, ni les Etats islamistes intégristes, bref, que de l'Alaska à l'Argentine et de l'Afrique à l'Asie, aucun pays, aucune époque n'échappe à l'implacable loi humaine:


la libido conduit au pouvoir et le pouvoir décuple la libido.
Qui disait que le pouvoir est le plus grand aphrodisiaque ? Kissinger, je crois.


Mais avant même d'arriver au pouvoir, il faut déjà une énergie exceptionnelle pour cette conquête qui puise dans une avidité sexuelle traduite en ambition politique.


Et les femmes, alors ? D'abord, elles ne sont pas si nombreuses aux sommets du pouvoir; ensuite, regardez-y de près, et vous verrez que ces femmes d'Etat sont souvent des femmes phalliques, et qu'elles ressemblent beaucoup aux hommes, y compris pour certaines dans leur attitude de prédateur sexuel. Je ne prendrai pas le risque de donner des noms. Juste celui de la grande Catherine de Russie qui collectionnait les amants. Et qui, elle, ne s'en cachait pas.


Car entre tous ces obsédé(e)s de la chose, on peut juste distinguer les hypocrites et ceux qui ne se cachent pas; et puis les prudents et les maladroits qui se font prendre.


Faut-il en conclure que les hommes politiques sont des hommes comme les autres, plus ou moins obsédés sexuels, humains, trop humains, donc excusables ?
Non, d'abord parce qu'ils sont bien plus obsédés que la moyenne, ce qui leur donne leur force supérieure; ensuite parce que le pouvoir leur donne des moyens exceptionnels d'abuser de ce pouvoir, avec une sentiment de toute puissance et d'impunité; enfin, parce que le pouvoir devrait leur imposer plus de devoirs que de droits, et donc une retenue sexuelle encore plus grande que le commun des mortels.


Ce n'est pas là puritanisme, mais simple droit et justice ordinaire.


En attendant, la politique n'est que la continuation du mâle dominant par d'autres moyens.
A de rares exceptions, les politiques ne sont pas près de sortir de cette préhistoire marquée au signe du droit de cuissage.

lundi 6 juin 2011

Les farines animales reviennent

Au moment où l'Europe tremble devant une mystérieuse bactérie tueuse dans le nord de l'Allemagne, où tous s'arrêtent de manger salades, concombres et tomates par principe de précaution, où nous revivons comme par parodie les grandes peurs de la peste noire ou de la grippe espagnole, voilà qu'on nous annonce le retour des farines animales...


Elles avaient été interdites après l'épidémie de la "vache folle" qui avait décimé le cheptel européen et provoqué de monstrueux holocaustes de bovins. Plus jamais ça, avait-on juré !
Et puis, les revoilà, tout doucement, réintroduites pour nourrir les poissons, les poulets, les cochons. Les bovins, on n'ose pas encore, pas tout de suite.


Les "farines animales" ? Ce joli nom désigne une véritable cochonnerie: les carcasses sanguinolentes sorties de l'abattoir sont concassées et pulvérisées en une "farine" grisâtre, déversée à la pelle dans les mangeoires de nos élevages. Tout est ainsi recyclé; rien ne se perd, tout se transforme. On vous fera bientôt manger vos propres déchets. Quoi de plus écolo, non ?

Et voilà nos poulets, nos cochons, nos poissons, gentiment transformés en carnivores malgré eux. Allez donc faire un tour vers les poubelles des abattoirs pour savoir ce que vous aurez bientôt dans votre assiette.


Si cela ne vous coupe pas l’appétit...
Décidément, il sera de plus en plus vrai que "tout ce qu'on ne mange pas est bon pour la santé."

samedi 4 juin 2011

Luc Ferry: haro sur le baudet !


Le cas Ferry m'a toujours inspiré de célèbres citations: "qu'allait-il faire dans cette galère ?" a été ma réaction à son entrée au ministère de l'Education nationale.
 Aujourd'hui, ses déclarations mettent en cause anonymement un ancien ministre accusé de pédophilie. Tous soupçonnent tel ou tel nom, y pensent fortement, mais se taisent prudemment. Et tous, droite et gauche confondus, de lui tomber dessus à bras raccourcis, ceux de droite pour le sommer de dénoncer le pervers sensé être de gauche, ceux de gauche pour l'accuser de diffamation gratuite et irresponsable.
Alors, me viennent à l'esprit des refrains célèbres: "Le poète a dit la vérité, il doit être exécuté." Ou "Pour vivre heureux, vivons cachés". Vous en trouverez bien d'autres encore !


Aurions-nous les mêmes réactions si Ferry était resté simple philosophe ? C'est clairement l'ancien ministre et le responsable politique qui est visé, s'autorisant lui-même de sa participation aux plus hautes autorités de l'Etat. Le simple citoyen peut dire n'importe quoi, surtout s'il est philosophe, c'est-à-dire irresponsable et original par vocation...Cela amuse la foule et la galerie, et il reste dans son rôle.


Mais qu'il se prenne pour un homme politique, il y a là une erreur et une faute impardonnable que Luc Ferry n'aurait pas dû commettre !
Depuis Platon,  nous savons bien que philosophie et politique ne font pas bon ménage; et que le philosophe qui se mêle de politique le paie souvent très cher. Platon fut vendu comme esclave par le tyran de Syracuse qu'il venait "éduquer"...
Alors pourquoi Ferry, qui le sait, a succombé à la tentation ? Seul lui le sait vraiment. Je soupçonne, quant à moi, un mélange de devoir kantien et de fascination  pour les lambris républicains et médiatiques.


Sur le fond, pourquoi cette incompatibilité du philosophe et du politique ?


Parce que le philosophe se préoccupe de vérité, quand le politique se soucie d'illusion, de faux semblants et de miroirs aux alouettes.
 Ceci fut toujours le travers de l'ordre politique depuis le règne des orateurs et des sophistes sur la Cité grecque, jusqu'à la tyrannie contemporaine de l'image médiatique et des conseillers en communication, en passant par les ors de Versailles et les fêtes révolutionnaires...
La politique ne peut dire la vérité car elle gouverne le "gros animal" qu'est le peuple (Platon); et que le peuple veut qu'on le flatte, non qu'on l'instruise. Il veut que ses désirs soient des ordres, non qu'on l'oblige à conformer ses désirs à la dure réalité. N'en déplaise à l'optimisme des Lumières, le peuple démocratique n'est pas plus rationnel. Les démagogues règnent tout autant, voire plus que jamais. Et les rares politiciens courageux qui s'aventurent à dire la vérité ne le restent pas longtemps: ils doivent choisir entre rester politiciens ou rester courageux.


Luc Ferry devait donc s'y attendre: quand on est ministre, ou quand on l'a été, on ferme sa gueule ou on fait un autre métier !
Le résultat prévisible est cet étonnant renversement: Luc Ferry, d'accusateur, se retrouve accusé; de rapporteur d'une rumeur il en devient l'acteur principal. Et à parcourir rapidement la presse, on se demande si ce n'est pas lui, le pédophile...


Dire tout haut ce que tous pensent tout bas est une naïveté de politicien novice ou une ruse de démagogue accompli. Dans tous les cas, cela affole l'ordre harmonieux des simulacres médiatiques qui disent au peuple ce qu'il doit penser. Malheur au philosophe qui s'en mêle !


Pascal nous a pourtant appris à ne pas confondre les ordres. L'ordre politique ne relève pas de la recherche de la vérité. Le pouvoir ne repose pas sur l'honnêteté intellectuelle, et Machiavel a raison. La philosophie n'est pas la rhétorique, Platon le savait déjà. Ce qui ne l'empêcha pas lui aussi de succomber à la confusion funeste.

Éloge de l'ennui



J'ai le souvenir ancien d'une belle chronique de Gabriel Matzneff, dans le journal Le Monde, qui portait le même titre.
Matzneff y montrait que l'ennui est à l'origine des grandes oeuvres de la spiritualité humaine.


Or l'humanité en général, et notre société comme jamais, a une sainte horreur de l'ennui.
Nous courrons éperdument après les divertissements, comme le relevait Pascal. Car l'ennui a un goût de mort, et nous fuyons l'idée de la mort. L'agitation nous donne le sentiment d'être encore en vie.


Vivre, c'est s'amuser, se distraire, s'occuper, s'affairer, surtout être occupé à faire quelque chose qui nous occupe la pensée. Ne dit-on pas que l'oisiveté est mère de tous les vices ? Et rien de plus vicieux que de se mettre à penser...


Fuir l'ennui, se divertir, s'empêcher de penser à la racine des choses, voilà bien, plus que jamais, l’obsession de notre jeunesse gâtée (aux deux sens du terme). Il revient donc aux éducateurs d'imposer l'ennui et le désœuvrement à nos jeunes excités.


Forcer les jeunes à s'ennuyer devrait être le premier devoir et la première urgence d'une éducation moderne.

lundi 30 mai 2011

Hommes publics, vie privée ?

Face aux accusations d'"atteintes aux bonnes meurs" qui touchent certains hommes politiques, les médias français se drapent vertueusement dans la défense de la vie privée, principe intangible de la liberté républicaine sur lequel la France donnerait l'exemple aux indécents anglo-saxons.


Après tout, un homme politique est un homme comme un autre qui a droit à ses petits vices secrets...Et il est vrai que l'idéal de transparence absolue est un principe de tout totalitarisme.
...Sauf que nous sommes en démocratie, et qu'en démocratie un homme public n'est plus tout à fait un homme privé !


Quand on a fait le choix de partir en campagne en s'affichant sur papier glacé et écrans divers avec femmes, maîtresse, enfants, ancêtres, hobbies, phobies, et autres indiscrétions savamment distillées par les conseillers en communication, comment s'indigner honnêtement quand le vent médiatique devient contraire ?
Notre démocratie communicationnelle a fait le deuil de la vie privée des hommes publics depuis belle lurette. Certains ont résisté après de Gaulle, certains résistent encore (peu connaissent la famille de Fillon, par exemple); mais beaucoup se sont engouffré dans la brèche médiatique, moitié par calcul électoral, moitié par gourmandise narcissique.


La démocratie américaine avait ouvert la voie bien avant nous, et avec une autre emphase. Mais ils y jouent le jeu sans tricher, je veux dire en acceptant avantages et inconvénients, succès et revers. Ce qui fut reproché à Clinton fut moins son incartade sexuelle, que son côté mauvais joueur pour avoir menti sur les faits.


En France, on ouvre grand la porte aux caméras quand il s'agit de se mettre en scène à son avantage, mais on vitupère les affreux journalistes quand ils osent un crime de lèse-majesté en enquêtant sur les zones d'ombre de la vie privée. Qu'on se souvienne de Mitterrand et de sa fille cachée...Et de tant d'autres.
Les hommes politiques français sont mauvais joueurs: ils veulent une "vie privée" sur mesure, choisie et mise en scène par eux, une fausse vie privée, en somme, pour la galerie des glaces. Mais gare à ce qu'on publie leur vraie vie privée, alors ils montent sur leurs grands principes à géométrie variable.


Qu'on le regrette ou non, en démocratie, un homme public n'est plus un homme privé. C'est un choix qu'il a fait librement. Il ne peut profiter d'un côté d'une publicité sur sa vie privée à son avantage, et invoquer de l'autre la "protection de la vie privée" quand cela le dessert. De ce point de vue, les rois étaient plus conséquents: la "vie privée" de Louis XIV était un spectacle public permanent et savamment orchestré.


Sans en arriver là, on peut juste demander un peu plus de fair-play, d'honnêteté, et de cohérence: soit l'on choisit de protéger sa vie privée, toute sa vie privée, soit l'on choisit de l'exposer, mais alors pour le meilleur et pour le pire.
Fillon est cohérent dans la discrétion, comme Sarkozy l'est dans l'extraversion. Beaucoup d'autres sont des tricheurs qui font deux poids deux mesures avec leur "vie privée".

dimanche 29 mai 2011

Les policiers dragueurs

Eh oui, la France est estivale, et les filles sortent les minijupes.

Une voiture de police se fraie un chemin dans la foule du dimanche, en plein centre de Paris. La vitre baissée, les jeunes policiers en service hèlent deux filles qui ne savent que répondre ni comment s'en débarrasser.


Les passants complimentent: c'est vrai qu'elles sont jolies ! Ils sont tous sourire et règne la bonne humeur, et la voiture tricolore suit lentement les minettes aux jambes nues, sous le regard amusé de la foule.


Oui, nous sommes en France, à Paris, à peine quelques jours après l'arrestation de DSK à New York; le jour-même de la démission de Georges Tron pour accusation de harcèlement sexuel.


La France éternelle, estivale et triviale.