Nombre total de pages vues

mercredi 10 août 2011

Paris foudroyé par la crise


La crise mondiale de ce mois d'août 2011 laissera des traces cruelles dans la capitale française. 

Pour preuve cette photo de la place de la Concorde habituellement saturée de voitures, à présent désertée. Tout comme les rues vidées par une brusque chute de la démographie, les magasins fermés par manque de clients, les couloirs de métro vidés des foules pressées.

Quelques rares survivants mendient au coin des rues, en guenilles et sans domicile. Des vieillards cloîtrés chez eux tentent parfois une sortie à la recherche d'une hypothétique boulangerie ouverte. De rares restaurants encore ouverts guettent désespérément la clientèle disparue. 

Seuls des groupes de touristes asiatiques, riches et inconscients, sillonnent la capitale sinistrée, indifférents au naufrage de cette ville-fantôme qui était, il y a un mois encore, un centre important de peuplement et d'affairement.

La crise a réalisé ce qu'aucune bombe à neutrons n'avait osé faire: vider une ville de sa population tout en conservant intacts les monuments. 

Espérons qu'en septembre la réalité ne rejoigne pas cette fiction...

mardi 9 août 2011

Où sont les Indignés ?

Depuis des semaines, Hassad massacre son peuple. Les villes syriennes sont prises d'assaut par les chars. Les civils, femmes et enfants, sont mitraillés dans leurs rues. Les opposants sont torturés et abattus.



Qui manifeste dans les rues de Paris ? Qui proteste contre ce massacre ? Où sont passés les Besancenot, Stéphane Hessel, gauchistes et défenseurs des droits de l'homme prompts à s'indigner des crimes commis par les "impérialistes" et les "colonialistes"?


Sans doute partis en vacances.

Londres brûle-t-il ?



2005, la banlieue de Paris est en feu. 2011, Londres brûle et la police est débordée. Les deux villes-lumières de l'Europe sont transformées en villes-torches. A qui le tour ?


Un même mal touche l'Europe, et ce mal a le même visage: un jeune en jean et sweat à capuche cachant mal  un visage généralement noir.


A chaque fois les mêmes contorsions des sociologues et autres experts pour contourner l'évidence, de crainte de racisme. A chaque fois le même "sanglot de l'homme blanc" sensé porter tous les péchés du monde: c'est la faute du gouvernement, du manque d'aides sociales, du chômage, du racisme, des inégalités, de la pauvreté. La faute aussi au réchauffement de la planète ?
C'est faire insulte aux pauvres de les confondre avec ces sauvages.


Surtout éviter la vérité: les loups sont entrés dans la ville. On a laissé entrer les loups dans la bergerie.


De vieilles sociétés civilisées, policées et pacifiées (les bobbies londoniens se promènent sans armes) accueillent et réchauffent dans leur sein de jeunes sauvageons sans foi ni loi, qui ne respectent ni n'ont peur de rien, capables des pires violences gratuites.
Issus de cultures et de communautés hyper-répressives, ces jeunes sauvages se retrouvent livrés à eux-mêmes dans des sociétés hyper-laxistes: les magasins sont bons à piller, les filles sont bonnes à violer, le citoyen est bon à terroriser, l'Etat est bon à être ridiculisé.


Et toujours le même étonnement candide, le même effroi: comment cela est-il possible ?
On ne leur construit pas assez d'écoles ? Ils brûlent les écoles.
On ne leur donne pas de travail ? Ils méprisent les travailleurs et préfèrent dealer.
On les met dans des ghettos ? Ils transforment en tas d'immondices des quartiers flambants neufs.
On les stigmatisent ? Ils vous rient au nez et vous insultent.


Alors, surtout pour ne pas paraître raciste, l'homme blanc ravale sa salive et  fait son mea culpa. Même s'il faut remonter au déluge, à l'esclavagisme, au colonialisme, au paludisme ou je ne sais quoi: il faut trouver la faute de l'homme blanc qui doit innocenter la bête sauvage. Si le loup est féroce, c'est que la brebis l'aura provoqué !


Cameron promet des sanctions sévères. Qui peut encore y croire ? Certains parlent d'envoyer l'armée; vous n'y pensez pas ! Ce serait avouer une situation de guerre civile. Et quand il faudra bien l'admettre, l'armée-même n'y pourra rien, dans de vieilles cités européennes qui ne savent rien des guérillas urbaines.


Alors ? Alors, il est trop tard: le loup est dans la bergerie. Et l'Europe doit réapprendre à vivre avec les loups, réapprendre à ne pas laisser traîner les enfants, réapprendre à ne pas sortir la nuit, réapprendre à bien barricader sa porte. Réapprendre la peur. Alors reviendront peut-être la dignité et le courage.

Le retour du politique

Depuis une vingtaine d'année, les politologues et autres esprits sérieux nous expliquaient que nous vivions la fin du politique.
La mondialisation, disaient-ils, réduit de jour en jour la marge de manœuvre des gouvernements, cantonnés désormais dans des décisions secondaires et dérisoires, les grandes orientations étant données par une "gouvernance" mondialisée, aussi obscure que tyrannique. Et de pleurer la fin de l'autorité politique, et de la démocratie dans son sillage.


Le paradoxe actuel est que ce sont les crises économiques mondiales qui remettent en selle l'importance du politique.
En 2008 déjà, la crise des "subprimes" avait mobilisé la fébrilité et l'énergie d'hommes politiques comme Nicolas Sarkozy, réunissant en urgence le G20 et déclenchant les plans de sauvetage des banques par les Etats. Le capitalisme libéral sauvé par l'Etat, ironie de l'histoire !
2011 et deuxième grande crise financière: cette fois-ci, ce ne sont plus les banques, mais les Etats eux-mêmes qui sont menacés de faillite. Cela a commencé par les grands malades européens (Irlande, Grèce, Portugal) pour s'étendre jusqu'au colosse américain aux pieds d'argile.
A nouveau, on voit les hommes politiques aux avants-postes. Obama doit rassurer les marchés en promettant plus de rigueur budgétaire. Trichet, gouverneur de la BCE, appelle Berlusconi, et à travers lui les autres gouvernants européens, à réformer ses lois sociales et à privatiser pour alléger la dette. Le gouvernement français se voit, lui, complimenté par une agence de notation pour la cohérence de ses réformes.


Il en ressort deux choses:
1. En dépit de la mondialisation, continue d'exister une forte identité économique nationale par le biais des politiques économiques et budgétaires. Même en Europe, malgré la forte intégration à une monnaie unique, on n'a pu empêcher le décrochage des pays les plus faibles de la zone euro.
2. Les solutions sont entre les mains des responsables politiques. La BCE a beau venir en aide à l'Espagne et à l'Italie, ce n'est que du replâtrage et tout dépend du courage politique des gouvernements à engager un plan de rigueur et de désendettement. 


La mondialisation n'apparaît plus comme cette machine anonyme qui broie les volontés. C'est bien de la responsabilité individuelle des gouvernants et de la responsabilité collective des peuples que dépend l'issue de la crise.


Trouverons-nous un Churchill capable d'imposer aux peuples les sacrifices nécessaires pour éviter le naufrage ?
"De la sueur et des larmes", voilà à nouveau ce que devrait être la promesse courageuse d'un homme politique décidé à sauver l'Europe et l'Amérique face aux dragons asiatiques.
Comme en 1940, beaucoup préfèrent se complaire dans le fatalisme, la résignation, le défaitisme. En 1940, on croyait sauver la paix, et l'on eut la guerre. Les capitulards d'aujourd'hui croient sauver les "avantages acquis" et ils auront la faillite totale, qui est déjà en route. C'est toujours la même voie de l'autruche qui mène à ces crises brutales de régulations et d'ajustements imposés par la force.


Le retour du politique, c'est le retour de la responsabilité et du courage.
Les lâches sacrifient l'avenir à leurs intérêts électoraux immédiats et au clientélisme des "avantages acquis". Ce sont les démagogues, toujours les plus nombreux.
Plus rares, les courageux imposent les sacrifices pour sauver l'avenir. Ils se font souvent lyncher par les peuples infantiles. C'est la marque des vrais démocrates.
Démocrates ou démagogues, Churchill ou Daladier, c'est à nouveau ce dilemme que nous offre la crise actuelle: le redressement douloureux ou la capitulation.


L'autre paradoxe, plus tragique encore, est que ce sont les marchés et les bourses qui assurent aujourd'hui la régulation des démocraties, à la place des peuples démissionnaires.
Les peuples occidentaux, depuis des décennies,  se sont endormis dans les délices de Capoue d'une croissance ininterrompue de la consommation, par le miracle de l'endettement. Comme dans les antiques démocratie grecque et république romaine, les peuples ont mis au pouvoir les démagogues qui leur susurrent ce qu'ils ont envie d'entendre, à savoir, en substance, qu'on peut gagner plus et vivre mieux en travaillant moins. Les Chinois travaillent pour nous, et rachètent nos dettes...
Jusqu'au jour où les Chinois demandent des comptes !


"Responsabilité" signifie "rendre des comptes", ou encore payer ses dettes, ou encore tenir ses promesses. La crise rappelle les Occidentaux partis en vacances à ces obligations.
Les gouvernements démagogiques peuvent bien rendre des comptes truqués à leurs peuples, mais pas aux marchés et aux créanciers. "Les eaux froides du calcul égoïste" (Marx), à l'échelle internationale, voilà donc le dernier garant de la responsabilité démocratique. Le "crédit" est à la fois le moteur financier du capitalisme et la base de la confiance politique entre le peuple et ses élus.
Quand les parlements élus deviennent des enceintes démagogiques, c'est la bourse et les marchés qui prennent le relais démocratique.


La capitalisme contre les peuples ? N'oublions pas que les peuples se sont beaucoup enrichis grâce au capitalisme. Demandez-donc aux Grecs, aux Portugais, ou même aux Français de comparer leur train de vie avec celui de leurs parents ou grand-parents. Comme de nouveaux enfants gâtés, ils sont ingrats et capricieux, ne supportant pas la moindre contrariété, le moindre rappel à la responsabilité.
La démocratie contre la démagogie, voilà ce qu'impose aux enfants gâtés et décadents les crises du capitalisme mondial.
Merci la crise !