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samedi 4 juin 2011

Éloge de l'ennui



J'ai le souvenir ancien d'une belle chronique de Gabriel Matzneff, dans le journal Le Monde, qui portait le même titre.
Matzneff y montrait que l'ennui est à l'origine des grandes oeuvres de la spiritualité humaine.


Or l'humanité en général, et notre société comme jamais, a une sainte horreur de l'ennui.
Nous courrons éperdument après les divertissements, comme le relevait Pascal. Car l'ennui a un goût de mort, et nous fuyons l'idée de la mort. L'agitation nous donne le sentiment d'être encore en vie.


Vivre, c'est s'amuser, se distraire, s'occuper, s'affairer, surtout être occupé à faire quelque chose qui nous occupe la pensée. Ne dit-on pas que l'oisiveté est mère de tous les vices ? Et rien de plus vicieux que de se mettre à penser...


Fuir l'ennui, se divertir, s'empêcher de penser à la racine des choses, voilà bien, plus que jamais, l’obsession de notre jeunesse gâtée (aux deux sens du terme). Il revient donc aux éducateurs d'imposer l'ennui et le désœuvrement à nos jeunes excités.


Forcer les jeunes à s'ennuyer devrait être le premier devoir et la première urgence d'une éducation moderne.

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