Face aux accusations d'"atteintes aux bonnes meurs" qui touchent certains hommes politiques, les médias français se drapent vertueusement dans la défense de la vie privée, principe intangible de la liberté républicaine sur lequel la France donnerait l'exemple aux indécents anglo-saxons.
Après tout, un homme politique est un homme comme un autre qui a droit à ses petits vices secrets...Et il est vrai que l'idéal de transparence absolue est un principe de tout totalitarisme.
...Sauf que nous sommes en démocratie, et qu'en démocratie un homme public n'est plus tout à fait un homme privé !
Quand on a fait le choix de partir en campagne en s'affichant sur papier glacé et écrans divers avec femmes, maîtresse, enfants, ancêtres, hobbies, phobies, et autres indiscrétions savamment distillées par les conseillers en communication, comment s'indigner honnêtement quand le vent médiatique devient contraire ?
Notre démocratie communicationnelle a fait le deuil de la vie privée des hommes publics depuis belle lurette. Certains ont résisté après de Gaulle, certains résistent encore (peu connaissent la famille de Fillon, par exemple); mais beaucoup se sont engouffré dans la brèche médiatique, moitié par calcul électoral, moitié par gourmandise narcissique.
La démocratie américaine avait ouvert la voie bien avant nous, et avec une autre emphase. Mais ils y jouent le jeu sans tricher, je veux dire en acceptant avantages et inconvénients, succès et revers. Ce qui fut reproché à Clinton fut moins son incartade sexuelle, que son côté mauvais joueur pour avoir menti sur les faits.
En France, on ouvre grand la porte aux caméras quand il s'agit de se mettre en scène à son avantage, mais on vitupère les affreux journalistes quand ils osent un crime de lèse-majesté en enquêtant sur les zones d'ombre de la vie privée. Qu'on se souvienne de Mitterrand et de sa fille cachée...Et de tant d'autres.
Les hommes politiques français sont mauvais joueurs: ils veulent une "vie privée" sur mesure, choisie et mise en scène par eux, une fausse vie privée, en somme, pour la galerie des glaces. Mais gare à ce qu'on publie leur vraie vie privée, alors ils montent sur leurs grands principes à géométrie variable.
Qu'on le regrette ou non, en démocratie, un homme public n'est plus un homme privé. C'est un choix qu'il a fait librement. Il ne peut profiter d'un côté d'une publicité sur sa vie privée à son avantage, et invoquer de l'autre la "protection de la vie privée" quand cela le dessert. De ce point de vue, les rois étaient plus conséquents: la "vie privée" de Louis XIV était un spectacle public permanent et savamment orchestré.
Sans en arriver là, on peut juste demander un peu plus de fair-play, d'honnêteté, et de cohérence: soit l'on choisit de protéger sa vie privée, toute sa vie privée, soit l'on choisit de l'exposer, mais alors pour le meilleur et pour le pire.
Fillon est cohérent dans la discrétion, comme Sarkozy l'est dans l'extraversion. Beaucoup d'autres sont des tricheurs qui font deux poids deux mesures avec leur "vie privée".
Nombre total de pages vues
lundi 30 mai 2011
dimanche 29 mai 2011
Les policiers dragueurs
Eh oui, la France est estivale, et les filles sortent les minijupes.
Une voiture de police se fraie un chemin dans la foule du dimanche, en plein centre de Paris. La vitre baissée, les jeunes policiers en service hèlent deux filles qui ne savent que répondre ni comment s'en débarrasser.
Les passants complimentent: c'est vrai qu'elles sont jolies ! Ils sont tous sourire et règne la bonne humeur, et la voiture tricolore suit lentement les minettes aux jambes nues, sous le regard amusé de la foule.
Oui, nous sommes en France, à Paris, à peine quelques jours après l'arrestation de DSK à New York; le jour-même de la démission de Georges Tron pour accusation de harcèlement sexuel.
La France éternelle, estivale et triviale.
Une voiture de police se fraie un chemin dans la foule du dimanche, en plein centre de Paris. La vitre baissée, les jeunes policiers en service hèlent deux filles qui ne savent que répondre ni comment s'en débarrasser.
Les passants complimentent: c'est vrai qu'elles sont jolies ! Ils sont tous sourire et règne la bonne humeur, et la voiture tricolore suit lentement les minettes aux jambes nues, sous le regard amusé de la foule.
Oui, nous sommes en France, à Paris, à peine quelques jours après l'arrestation de DSK à New York; le jour-même de la démission de Georges Tron pour accusation de harcèlement sexuel.
La France éternelle, estivale et triviale.
Inscription à :
Articles (Atom)